est-ce que de saler aux algues est aussi néfaste que de saler avec du sel de table? - Science et Fourchette
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est-ce que de saler aux algues est aussi néfaste que de saler avec du sel de table?

Il y a un engouement indéniable pour les algues dans nos assiettes. En plus des algues séchées entières ou réduites en poudre, on a vu apparaitre à l’épicerie de nouveaux produits alimentaires innovants, salées aux algues (parfois même aux algues du Québec!).

Mais remplacer le sel de table par des algues, est-ce que c’est comme changer quatre trente sous pour une piastre au niveau de notre santé?

– Mots de Andréa Cayer, stagiaire en nutrition à l’Université Laval


On se rappelle qu’une consommation excessive de sel (et de sodium) est fortement déconseillée puisqu’elle favorise le développement de l’hypertension artérielle. Et comme Canadiens, on ne fait pas bonne figure à ce niveau!  Selon les statistiques, on consomme en moyenne près de deux cuillères à thé de sel par jour, soit le double de la quantité maximale recommandée.

saler aux algues.

L’intérêt de saler des aliments avec des algues n’échappe pas à l’industrie alimentaire. Ce n’est pas un hasard si le projet TASTE (The application of edible seaweed for taste enhancement and salt replacement), financé par l’Union Européenne, a étudié trois espèces d’algues brunes comestibles en vue d’évaluer la possibilité de remplacer (un jour) l’ajout de sel dans les aliments transformés. Même si ce projet a eu plus de succès à “cartographier” le langage des odeurs et des saveurs des algues, l’industrie elle, n’a pas attendu pour saler aux algues une panoplie de nouveaux aliments transformés (chocolat, gin, pesto, graines de citrouille et j’en passe).

ne pas confondre “naturel” et “santé”.

L’aura santé du «naturel» a un effet indéniable sur les chiffres d’affaires, mais a aussi l’effet pervers de mélanger les consommateurs soucieux de leur alimentation. Cela dit, on n’a donc pas besoin de chercher très loin des articles qui qualifient les algues de superaliments aux multiples vertus. Toutefois, les algues sont tout de même riches en sodium, même si ce sel est naturellement présent dans l’aliment.

Si on se tourne vers la science pour avoir une réponse claire, on ne trouvera pas encore d’études qui se sont penchées directement sur l’impact du sodium contenu dans les algues ou l’impact des algues elles-mêmes sur la santé cardiovasculaire. Par contre, on connait très (TRÈS) bien ceux du sodium sur le corps humain!

sodium, algues et sel de table.

Si on compare 100 g de sel de table avec 100 g d’algues séchées (Dulse), le sel de table contient 130 fois plus de sodium que les algues. C’est beaucoup! La perception du goût salé n’est également pas la même puisque les algues ont un goût qui se situe entre le salé, la chlorophylle et l’umami. Alors si normalement j’ajoute une pincée de sel dans ma sauce à spag pour lui donner du goût, je n’aurai certainement pas besoin (ou envie!) de mettre 3/4 tasses d’algues pour que ça goûte salé identique.

à mon avis.

Actuellement, il est sage d’user de prudence et d’assumer que les impacts cardiovasculaires du sodium sont les mêmes, peu importe sa provenance. Bien que les algues soient riches en une panoplie de vitamines et de minéraux, une consommation modérée demeure souhaitable. C’est encore plus vrai si notre médecin nous a dit qu’on souffrait d’hypertension artérielle ou d’une maladie du coeur.

À l’épicerie, si on a le goût d’essayer un nouveau produit salé aux algues, on prend quelques secondes pour regarder le tableau de la valeur nutritive avant d’acheter. Si le pourcentage affiché à côté du sodium est de 15 % ou plus, cela signifie que l’aliment contient beaucoup de sodium. S’il en contient moins de 5 %, cela signifie que l’aliment en contient peu. On sera donc en mesure de faire un choix éclairé en fonction de nos goûts, nos besoins et nos envies. On vérifie également si le sel de table est aussi présent dans la liste des ingrédients, en plus des algues. On pourra croire à ce moment à un ingénieux coup de marketing “santé” .


Sous la supervision de Mara Hannan-Desjardins & Annie Ferland, nutritionnistes.

Références

  1. Gouvernement du Canada. L’apport en sodium chez les Canadiens en 2017.  (Page consultée le 19 avril 2021).
  2. Hypertension Canada. A Practical Guide informed by the Hypertension Canada Guidelines for the Prevention, Diagnosis, Risk Assessment, and Treatment of Hypertension. 2020-2022. (Page consultée le 19 avril 2021).
  3. Matis Ohf et al. Final Report Summary – TASTE (The Application of Edible Seaweed for Taste Enhancement and Salt Replacement). CORDIS – Résultats de la recherche de l’UE. (Page consultée le 19 avril 2021).

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