Vous le savez, l’unanimité est chose rare sur internet. Mais il y a une chose sur laquelle tout le monde s’entend, c’est bien que les gras trans sont les gras les plus nocifs « ever » pour la santé de notre cœur. Tout récemment, l’Organisation mondiale de la Santé les a intensément mis dans leur collimateur avec des politiques sévères qui visent à les éliminer d’ici 5 ans.
Plusieurs actions ont été posées au Canada au cours des dernières années pour en éliminer une bonne partie de nos aliments transformés. Le portrait s’est amélioré. À partir d’aujourd’hui, il est interdit de vendre un produit alimentaire contenant de l’huile partiellement hydrogénée, l’une des principales sources de gras trans industriel.
Plusieurs pays n’ont pas attendu jusqu’à la fin des temps et ont imposé des mesures sévères de réduction des gras trans alimentaire il y a déjà plusieurs années. Et ça s’est avéré très payant pour leurs portefeuilles et la santé de leurs populations. Je vous explique.
Il faut savoir que les gras trans ont été créés de toute pièce par l’homme. Ils sont le résultat d’un procédé chimique permettant de transformer – ou hydrogéner – une huile normalement liquide à température pièce en une matière solide ou semi-solide. L’hydrogénation est un processus « payant » pour l’industrie alimentaire. Il augmente la stabilité, la résistance à l’oxydation et la durée de vie sur les tablettes de nos aliments. Dans les années 1990, les Canadiens étaient parmi les plus grands consommateurs de gras trans à travers le monde. Or avec le temps, on s’est rendu compte que ce procédé était très nuisible pour notre santé et augmentait les risques de mortalité. L’indication des gras trans sur les étiquettes nutritionnelles est obligatoire depuis 2002 au Canada.
Le Danemark est le premier pays au monde à avoir déployé une interdiction nationale des gras trans. Il a imposé un maximum de 2% en gras trans artificiel pour les huiles et les gras destinés à la consommation humaine. À la suite de cette politique, les gras trans ont pratiquement été éliminés de la chaîne alimentaire. En seulement 3 ans, la mortalité attribuable aux maladies du cœur a diminué de près de 5 %. Cette mesure a été qualifiée de «meilleur choix» en matière de politiques de santé, puisqu’elle devrait fournir un retour sur investissement très élevé (estimé à environ 361 millions d’euros) pendant de nombreuses années.
De leur expérience, on sait aussi que d’interdire les gras trans dans les produits industriels ou la restauration rapide est deux fois plus efficace qu’une simple politique d’étiquetage ou de mesures volontaires pour réduire la mortalité cardiovasculaire d’une population entière. Le Royaume-Uni estime qu’il pourra prévenir environ 7200 morts par ans par la mise en place de cette mesure.
En 2007, le ministre de la Santé du gouvernement fédéral a fortement suggéré à l’industrie alimentaire et aux restaurateurs de diminuer la quantité de gras trans dans leurs aliments. Même si cette mesure était volontaire, beaucoup ont apporté des modifications à la composition de leurs aliments afin de satisfaire la demande du gouvernement, mais surtout pour satisfaire l’opinion publique. Un an plus tard, un petit échantillonnage d’aliments à l’échelle nationale révélait que 80 % des aliments préemballés dont l’étiquette a été examinée respectaient la limite de gras trans établie.
Mais ces efforts n’étaient nettement pas suffisants pour abaisser l’apport en gras trans des Canadiens au niveau des recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé, soit moins de 1% de l’apport énergétique total. C’est pourquoi Santé Canada proposé en avril 2017 d’interdire les huiles partiellement hydrogénées (HPH) – « la principale source de gras trans industriels » – dans tous les aliments vendus au pays.
Le 15 septembre 2017, Santé canada a pris la dernière mesure menant à l’interdiction des huiles partiellement hydrogénées. Les fameuses HPP sont enfin sur la Liste des contaminants et des autres substances adultérantes dans les aliments, ce qui rend la vente de produits en contenant illégale au Canada. L’industrie alimentaire a dû se casser la tête et revoir ses recettes. Ce règlement est entré en vigueur aujourd’hui (le 15 septembre 2018), ce qui veut donc dire qu’on peut maintenant acheter des produits alimentaires sans gras trans industriels.
Malgré tout le potentiel positif qu’a l’élimination des gras trans, n’oublions pas quels sont les aliments qui en sont riches: biscuits, beignes, gâteaux, pâtisseries, grignotines, shortening, margarine, aliments frits et panés, etc. Les aliments qui sont riches en gras trans sont et resteront toujours des aliments ultra-transformés et de faible valeur nutritive. Avec ou sans gras trans. Il ne faut donc pas négliger de faire de bons choix au quotidien.
Ce billet a été écrit en collaboration avec Mélanie Pronovost, stagiaire au baccalauréat en nutrition à l’Université Laval. Il a été mis à jour le 19 janvier 2018 par Stéphanie Bélanger, aussi stagiaire au baccalauréat en nutrition à l’Université Laval.
Allen K et al. Potential of trans fats policies to reduce socioeconomic inequalities in mortality from coronary heart disease in England: cost effectiveness modelling study. British Medical Journal; 351:h4583
Gouvernement du Canada (Archivé). Le gouvernement du Canada publie des données confirmant la réduction de la teneur en gras trans des aliments au Canada. [EN LIGNE]
Organisation mondiale de la Santé. L’Europe, leader mondial en matière d’élimination des acides gras trans. [EN LIGNE]
Restrepo et al. Denmark’s policy on artificial trans fat and cardiovascular disease 2016. American journal of preventive medicine, 50(1), 69-76.
Santé Canada. Les gras trans. [EN LIGNE]
Santé Canada. Publication sur l’analyse des risques alimentaires : Évaluation des risques que comporte l’exposition aux gras trans au Canada. [EN LIGNE]
Santé Canada. La ministre Petitpas Taylor annonce que le Gouvernement du Canada interdira les huiles patiellement hydrogénées (HPP). [EN LIGNE]