Le Guide alimentaire canadien nous dit que la patate est un légume. L’Organisation mondiale de la santé la classe comme féculent. L’Assiette santé de Havard la classifie comme un tubercule et précise que sa place devrait être toute petite dans nos assiettes.
La patate ne sait plus à quel groupe alimentaire se vouer. Elle est victime de rejet et d’intimidation.
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Mots de Annie Ferland, nutritionniste et docteure en pharmacie
Comme nutritionniste, je ne me souviens pas de bien des moments où on a parlé de la pomme de terre de façon positive. Quand on pense à elle, c’est à l’aide d’un gros « P » majuscule. Elle est un sujet sensible autour d’une table. Elle reste diabolisée par bien des adeptes de régimes. On en est rendu à un point tel qu’on semble oublier que la pomme de terre fait partie de notre alimentation locale et qu’elle est franchement économique.
Maintenant qu’on a cassé la glace sur ce sujet épineux, revenons à notre question de départ: doit-on considérer la pomme de terre comme un légume ou un féculent?
Je dois avouer que pour le consommateur, rien n’est moins clair en ce moment. Il est certain qu’il y a bien des avantages à associer la pomme de terre uniquement au groupe des légumes et fruits quand on veut vendre sa salade. Après tout, le groupe des légumes sera toujours plus « sexy » et franchement moins « culpabilisant » à l’esprit que celui des féculents.
À lire dans La Presse: La patate, un légume? Une offensive pour celle-ci ne plaît pas à tous.
Toutefois, si on s’intéresse aux définitions proprement dites, la pomme de terre est un légume-tubercule.
Bref, c’est quand on s’attarde aux définitions qu’on remarque que la pomme de terre, c’est un peu tout ça.
Si on s’y intéresse d’un point de vue nutritionnel, une pomme de terre qui conserve sa pelure s’apparente beaucoup plus aux légumes en raison de sa teneur fibres. Lorsqu’elle est pelée, elle se rapproche bien plus du groupe des féculents. Et je ne crois pas avoir besoin de préciser quoi que ce soit pour les croustilles et les frites.
À la lumière de tout ceci, il semble beaucoup plus judicieux de donner à la pomme de terre le double statut de féculent et de légume. À partir de là, notre rôle est d’évaluer l’utilisation qu’on en fait et comment on la cuisine (avec ou sans matières grasses). La pomme de terre un aliment avec une complexité de nutriments qui lui est bien propre. Il est grand temps qu’on l’accepte pour ce qu’elle est, ni plus ni moins.
Bref, une patate, c’est une patate.
« Quand vous avez très faim, une pomme de terre n'a pas de peau. »
Comme la majorité des problèmes liés à l’alimentation, la patate ne fait pas exception. C’est quand on en mange trop, trop souvent et qu’on l’accompagne de trop de gras et de trop de sel qu’on fait fausse route.
Je remercie Anne-Julie Pépin, stagiaire au baccalauréat en nutrition à l’Université Laval pour sa collaboration à la rédaction de ce billet.
Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO). Composition en éléments nutritifs des racines et des tubercules [En ligne].
Santé Canada. Bien manger avec le Guide alimentaire canadien [En ligne].
Organisation mondiale de la santé (OMS). Promouvoir la consommation de fruits et de légumes dans le monde [En ligne].
L’Assiette santé de Harvard. The Nutrition Source du département de nutrition du Harvard T. H. Chan School of Public Health [En ligne].