remplacer un steak par des grillons. - Science et Fourchette
On tranche!

remplacer un steak par des grillons.

On estime que les insectes complètent le régime alimentaire d’environ 2 milliards de personnes sur notre planète, non pas par obligation, mais par choix. Même si ça reste une pratique alimentaire un peu marginale dans nos sociétés occidentales, l’intérêt pour leur consommation ne cesse d’augmenter.  Avec l’apparition de poudre de grillons sur les tablettes de nos épiceries du coin, les insectes semblent inévitablement s’inscrire comme une grande tendance alimentaire.


Les insectes pour remplacer la viande

Selon les prévisions des experts, la production alimentaire actuelle devra être doublée d’ici 2050 pour satisfaire la forte augmentation de la demande mondiale en aliments. C’est avec cette vision que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) considère depuis 2013 l’entomophagie (le mot scientifique qui décrit la consommation d’insectes par les humains) comme la solution à l’insécurité alimentaire et aux changements climatiques. Quand on les compare à la viande, les élevages d’insectes nécessitent peu d’eau, de nourriture, d’espace et émettent peu de gaz à effet de serre. Elle présente aussi des opportunités économiques et commerciales à l’échelle mondiale.

Ne pas voir les insectes

Il est important de dissocier mentalement les images d’insectes entiers et le produit final utilisé dans les quelques produits alimentaires disponibles sur le marché. Ne cherchez pas les morceaux de grillons ou des petits vers blancs dans vos aliments! Les insectes sont transformés en farines ou en huiles, pour en faire des aliments attrayants à nos yeux et appétissants au goût. Pâtes alimentaires, barres pour sportifs, sauce bolognaise, croustilles ou biscuits, on n’y voit que du feu (et pas des insectes).

Les insectes, une protéine santé

Même si la science des insectes comestibles est encore à un stade relativement précoce, on sait qu’ils sont une source de protéines et de nutriments de haute qualité. Il est largement admis que la plupart des espèces d’insectes sont également riches en acides gras de type oméga-6, en fibres, en sodium et en plusieurs minéraux.

Le seul bémol au tableau est le manque de constance des mesures de la valeur nutritive des insectes, puisqu’elles dépendent étroitement du stade de leur vie (stade métamorphique), de leur habitat et de leur alimentation. À cet effet, on estime que la farine de grillons peut contenir de 14 g jusqu’à 20 g de protéines par portions de 25 g. Pour corriger ce problème, la FAO travaille sur la première base de données mondiale sur la valeur nutritive présente dans la majorité des insectes comestibles, qui devrait voir le jour d’ici quelques années.

Si vous souffrez d’allergies alimentaires, sachez que les insectes comestibles sont proches de la famille des crustacés. La prudence est donc de mise!

Entre dégoût et bon goût

Plus de 1900 espèces d’insectes comestibles font partie depuis toujours de l’alimentation humaine. On pense souvent que les insectes sont consommés lors de pénurie de nourriture, ce qui n’est pas du tout le cas. Culturellement, les insectes constituent un aliment de base de plusieurs régimes alimentaires à travers le monde. On considère même les insectes comme un aliment « délicat » faisant partie d’une cuisine «royale» dans certains pays comme l’Asie, la Thaïlande et l’Afrique australe!

Si cette perspective vous laisse sur votre appétit, vous n’êtes pas les seuls. Bien qu’un certain engouement envers les insectes se fasse sentir, les Québécois sont encore bien frileux face à cette nouvelle pratique alimentaire. Toutefois, plusieurs entreprises locales ont déjà adhéré à la vague et s’y intéressent pour les avantages écologiques et économiques que les insectes procurent. Certains considèrent les insectes comme la tendance alimentaire de 2018, tout comme le kale et le chou-fleur l’ont été il y a quelques années. Les plus optimistes voient même les insectes comme les grands remplaçants de la viande, rien de moins.

Reste maintenant à voir si les insectes sauront vraiment détrôner la viande et les protéines d’origine végétale de nos assiettes. Ou pas. J’ose croire que non, mais ça animera certainement les conversations!

Des produits pour s’initier à l’entomophagie

La poudre de grillons Le Choix du Président

En vente depuis peu dans la section bio des épiceries Provigo, on peut intégrer la poudre de grillons à nos recettes familiales pour en augmenter leur teneur en protéine. Soupe, smoothies, repas ou dessert, les possibilités sont infinies (12,38 / 100 g).

Les barres d’énergie de la jeune compagnie québécoise Näak

Faites à base de poudre de grillons, ces barres d’énergie pour sportifs ont une texture d’une barre à la purée de fruits. Pas de morceaux croustillant en vue, soyez en bien rassuré. Elles offrent un excellent ratio glucides/protéines de 3:1, ce qui est idéal après l’entrainement. Même si sa teneur en sodium est élevée, elle demeure intéressante dans un contexte d’hydratation post-entrainement. Trois saveurs sont disponibles: choco-banane, choco-orange et une toute nouvelle saveur de coco-macadam. (12,00$ / 3 barres) – Ce produit m’a été offert

La sauce bolonaise de One Hop Kitchen

Cette sauce bolognaise nouveau genre est excellente au goût, quoi que son prix nous a laissé sur notre faim. Ce produit artisanal est fait à base de vers de farine texturés et d’isolat de protéine de pois (pour « booster » sa teneur en protéines). Le bémol au tableau: la sauce contient 320 mg de sodium par portion de 125 ml, ce qui est près du double d’une sauce maison faite à base de légumineuses ou de sans-viande haché. À valeur nutritive pratiquement égale, il est beaucoup plus économique de cuisiner la sauce « bolognaise » aux lentilles de Ricardo, dont on peut aisément doser le sel ajouté… mais on n’aura pas mangé de « bibittes ». Deux sauces sont disponibles, soit à base de grillons texturés ou de vers de farine (9,99$ / 413 ml).


Ce billet a été écrit en collaboration avec Anne-Julie Pépin, stagiaire au baccalauréat en nutrition à l’Université Laval.

Références scientifiques

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Insectes comestibles: Perspectives pour la sécurité alimentaire et l’alimentation animale. Rome 2014 [En ligne] http://www.fao.org/3/a-i3253f.pdf (document consulté le 01 octobre 2017).

Antennae-Bulletin de la société d’entomologie du Québec. Des élevages d’insectes commestibles en ville? 2016; 23(1). [En ligne] http://seq.qc.ca/antennae/archives/Antennae_vol23_no1.pdf (document consulté le 01 octobre 2017).

Vous aimerez aussi.

Partager
mélange prêt-à-manger à gruau sur le pouce.
Partager
Pourquoi il faut avoir à cœur le diabète de type 2.
Partager
granola salé (pour garnir une soupe).
Partager
la meilleure salade grecque.
Toutes les recettes Toute la science