Selon une étude récente, le gingembre, consommé en supplément dans nos aliments ou sous forme de boisson, pourrait nous protéger contre l’obésité et certaines maladies chroniques. Alors que les experts sont à des années-lumière d’être capable de recommander un dosage précis à des fins préventives, les réseaux sociaux se sont déjà emparés de la nouvelle: il parait que le gingembre fait maigrir!
Cette nouvelle revue de la littérature, publiée dans l’Annals of the New York Academy of Sciences, a examiné les résultats de 60 études réalisées sur des cellules, des animaux de laboratoire et chez l’humain. Dans l’ensemble, ces études semblent faire consensus en indiquant que le gingembre et ses principaux constituants pourraient exercer des effets bénéfiques contre l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires.
Chose certaine, il y a beaucoup d’intérêt de la part des scientifiques à trouver différentes stratégies pour traiter l’obésité et prévenir les maladies chroniques, y compris du côté des options non pharmaceutiques. Parallèlement, le gingembre a une longue histoire d’utilisation à des fins médicinale pour traiter une variété de maux bénins (nausées, vomissements et crampes menstruelles).
Dans les faits, il semble exister plusieurs mécanismes biochimiques bien réels derrière les super-pouvoirs du gingembre. Dans cette même revue de la littérature, on décrit comment cette épice est capable de jouer un rôle au niveau de la sécrétion d’insuline, du métabolisme des glucides, de l’oxydation des graisses et j’en passe. Le gingembre semble également avoir des effets positifs au niveau du stress oxydatif (une forme de vieillissement cellulaire), des propriétés anti-inflammatoires, des effets au niveau du cholestérol sanguin et de la pression artérielle. Le gingembre pourrait même réduire les risques l’athérosclérose, une forme dangereuse d’accumulation des graisses dans nos artères.
Malheureusement, toutes les preuves associées à ces affirmations sont bien plus fortes dans l’éprouvette que chez les humains. Par exemple, on a bel et bien réussi à faire perdre du poids à des rats en leur faisant consommer des doses massives de gingembre.
Chez l’humain: niet, nada.
Les études chez l’humain sont encore dans une phase extrêmement embryonnaire. La science ignore encore quelle devrait être la formulation idéale (capsule, entier, râpé, comprimés, poudre dissoute, etc.) et quels devrait être le meilleur dosage pour l’obtenir des effets cliniques réels. Les recherches sont prometteuses, certes, mais encore très très loin d’être concluantes.
On retient donc que pour l’instant, on ne peut pas considérer que le gingembre comme une épice miracle. Oublions le thé au gingembre, le gnamakoudji (jus de gingembre) ou les boissons détox au citron, gingembre et curcuma pour perdre du poids. Ça ne marche pas, ça ne nous fera jamais maigrir miraculeusement et ça ne remplacera jamais les efforts réels que l’on doit faire au quotidien pour changer nos mauvaises habitudes alimentaires.
D’habitude en nutrition, quand une nouvelle est trop belle pour être vraie, c’est qu’elle n’est pas vraie.
On peut toutefois affirmer que le gingembre est une épice qui a du goût, qui gagne à être utilisée sans retenue pour parfumer nos plats ou nos boissons maison.
Wang et al. Beneficial effects of ginger Zingiber officinale Roscoe on obesity and metabolic syndrome: a review. 2017 (in press)