Pour rendre les moments à table plus agréables, on garde en tête que chacun prend ses responsabilités, parents comme enfants. Ici, on ne parle pas de mettre la table ou de faire la vaisselle! On parle de partager les responsabilités, ce qui permet à l’enfant de pleinement développer son autonomie, des comportements alimentaires sains et donc, de devenir un mangeur compétent.
Mots de Mara Hannan-Desjardins, Dt.P.
Le moment des repas c’est un temps qui devrait être plaisant, et non pas un synonyme de chicane et de frustrations à répétition! On pratique la bienveillance, pour développer un lien de confiance.
L’enfant
Il est le seul responsable de déterminer les QUANTITÉS qu’il mange. Il détermine sa faim (petite ou grosse) en écoutant ses signaux de faim et de satiété. Il ne faut pas s’inquiéter, l’enfant va manger selon ses besoins et il va apprendre à aimer la nourriture qu’on lui sert.
Oui, même si on a le gout de lui dire : « finis ton assiette si tu veux du dessert! ».
L’adulte
Il est responsable de tout le reste (quoi, quand, où). Le parent détermine et prépare la nourriture qui sera servie aux repas. On choisit des aliments nourrissants et variés. Bien entendu, l’enfant peut être impliqué dans le choix de ce qu’on va manger. Il se sentira valorisé.
L’adulte prévoit des moments, qui sont réguliers, pour offrir les repas et les collations à l’enfant. Le lieu et l’ambiance(agréable, sans distractions, idéalement sans écrans) des repas sont aussi choisis par le parent.
Utiliser un aliment (le dessert ou simplement quelques bouchées supplémentaires) pour négocier et encourager l’enfant à manger nuit à l’écoute de ses signaux de faim et de satiété. Ça va à l’encontre d’un comportement alimentaire sain, puisque l’enfant peut se forcer et manger plus que ses besoins.
De cette manière, le dessert est mis sur un piédestal et devient une récompense. Le dessert devrait plutôt être considéré comme une partie du repas et être servi peu importe la quantité du repas qui a été mangé!
Par contre, pour éviter que l’enfant ne se nourrisse qu’au dessert (ça vous dit quelque chose?), on attend que toute la famille se serve du dessert en même temps et on lui explique qu’on mange une portion de dessert seulement. S’il a encore faim, on lui offre à nouveau le repas principal ou on lui dit d’attendre à la collation.
On ne se sauve pas des «J’aime pas ça….». Il est normal qu’un enfant n’aime pas tout ce qui lui est présenté, et surtout, du premier coup. Devant des aliments peu ou pas connus, les enfants sont réticents à les consommer. Tant qu’on n’a pas goûté, on ne peut pas savoir si on aime ou pas! On invite donc à goûter, mais sans forcer!
Le meilleur moyen pour inciter un enfant à goûter, sans mettre de pression, est de nous-mêmes manger cet aliment. Si l’enfant voit qu’on l’apprécie, il voudra en faire autant. On décrit et discute de ce qu’on aime (ou pas) des aliments avec nos 5 sens. On peut aussi l’inclure dans la cuisine afin de lui présenter les aliments et les façons de les apprêter, l’informer de la provenance des aliments et lui raconter des histoires autour des aliments.
Bref, plus l’enfant sera en contact de différentes façons avec les aliments plus il sera à l’aise de (re)goûter. Surtout, on s’arme de patience et de persévérance, car il faut plusieurs expositions avant qu’un enfant accepte l’aliment en question.
Tout ça sans pression ni négociations afin de passer un moment agréable à la table.
Larsen, J.K. et autres. « How parental dietary behavior and food parenting practices affect children’s dietary behavior. Interacting sources of influence? » Appetite, 2015; vol. 89, 2015, p. 246-257.
Lohse, B. et Mitchell, DC. « Valid and Reliable Measure of Adherence to Satter Division of Responsibility in Feeding », Journal of Nutrition Education and Behavior, 2021; vol. 53 no 3, p. 211-222.
Satter, E. (2022) The Satter Division of Responsibility in Feeding. https://www.ellynsatterinstitute.org/wp-content/uploads/2021/12/sDOR-tasks-cap-2022-Ellyn.pdf