
Sur Science + Fourchette, on a quelques recettes avec la thématique des légumes camouflés. Par exemple, dans l’une de nos recettes de muffins, on a ajouté des courgettes râpées. D’un côté, les courgettes ont un intérêt culinaire puisqu’ils bonifient la valeur nutritive, ils apportent de l’humidité à la pâte et ils donnent plus de moelleux à nos muffins. C’est donc tentant de faire des muffins aux courgettes camouflées pour faire manger un extra de légumes à nos enfants, sans leur dire.
Mais dans ce cas-là, ça devient du camouflage alimentaire. D’un point de vue nutrition, est-ce que c’est une bonne idée de cacher dans nos recettes des légumes – ou des légumineuses – peu appréciés?
mots de Annie Ferland, nutritionniste + docteure en pharmacie
On a bien des raisons de vouloir camoufler des aliments dans nos recettes. Surtout les légumes méconnus, trop « vert » ou pas assez appétissants. Sur le coup, il y a des avantages. On réussi à faire manger plus de légumes à nos enfants, sans la crise habituelle. C’est aussi une stratégie qui est utilisée dans le but de bonifier la valeur nutritive d’une recette.
À court terme, plusieurs études soulignent qu’on va effectivement consommer 1 à 2 portions supplémentaires de légumes grâce au camouflage alimentaire. Toutefois, on ne va pas apprendre à les aimer, ces légumes-là!
Camoufler des aliments apporte aussi son lot d’inconvénients à long terme. Si on souhaite que nos enfants apprennent à aimer un aliment, il doit être capable de le reconnaitre et de savoir ce qu’il permet de faire. C’est le temps d’être transparent et de dire à nos enfants qu’il y a des courgettes dans les muffins au chocolat. On en profite pour expliquer qu’on ne va pas s’en apercevoir et que c’est l’ingrédient secret qui permet à nos muffins d’être plus moelleux. On doit aussi les laisser décider nos enfants s’ils veulent y goûter ou non. À table, les responsabilités sont partagées. Comme parent, on est responsable du « quoi, quand où et comment » manger, et l’enfant gère le « combien » manger.
Entre le poids des avantages et des inconvénients, c’est beaucoup plus gagnant (et éducatif) d’informer nos enfants qu’il y a un ingrédient caché dans une recette. On veut qu’ils restent ouverts à la nouveauté, qu’ils apprennent à développer leur répertoire culinaire et qu’ils aient confiance en nous. On ne veut pas qu’ils apprennent à se méfier d’un muffin!
De toute façon, les ingrédients cachés c’est un peu comme une télé-réalité. Tout finit toujours par se savoir.
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