Avez-vous déjà pris un produit en épicerie, examiné la liste des ingrédients et eu du mal à prononcer la plupart des noms qui s’y trouvent? Ces ingrédients mystérieux aux appellations scientifiques complexes sont bien souvent des additifs alimentaires. Mais qu’est-ce qu’un additif alimentaire exactement? En avons-nous vraiment besoin dans notre alimentation? Et surtout, sont-ils dangereux?
Bien que leur usage soit strictement encadré et qu’ils soient généralement jugés sûrs aux doses permises, les inquiétudes persistent. Dans cet article, on fait le point sur ce sujet souvent controversé pour comprendre leur impact réel sur notre santé et dans notre garde-manger.
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Mots de Camille Nolin-Chauvette, stagiaire en nutrition à l’Université Laval. Sous la supervision de Annie Ferland, nutritionniste et docteure en pharmacie
Selon Santé Canada, un additif alimentaire est « toute substance chimique ajoutée à un aliment lors de la préparation ou avant l’entreposage, et qui s’intègre à celui-ci ou en modifie les caractéristiques pour obtenir l’effet technique désiré. »
Comme vous, j’ai tout de suite remarqué le mot « chimique » dans cette définition (et je comprends si ça vous a fait peur). On entend souvent dire que si un ingrédient a un nom scientifique compliqué, on devrait s’en méfier et éviter de le consommer.
Mais est-ce vraiment justifié?
Il est essentiel de se rappeler que « chimique » ne veut pas dire « toxique ». Par exemple, l’acide ascorbique souvent utilisé comme additif, c’est simplement le nom « chimique » de la vitamine C, qu’on retrouve dans les fruits et légumes. Quant à l’acide citrique, c’est ni plus ni moins que du jus de citron. Deux additifs alimentaires tout à fait sécuritaires.
Dans la grande majorité des cas, les composés chimiques utilisés comme additifs alimentaires sont sans danger. Certains peuvent même être bénéfiques pour la santé, comme la vitamine D ajoutée dans le lait, les acides gras oméga-3 ou les probiotiques.
Bien sûr, certains additifs, comme le glutamate monosodique (MSG), les nitrites ou les édulcorants artificiels, suscitent des débats. Même si leur sécurité a été validée jusqu’à présent, des recherches continuent pour mieux comprendre leurs effets à long terme.
« Le Codex Alimentarius a été créé en 1963 par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Son objectif est de garantir une uniformité dans la nomenclature des additifs, de sorte qu'ils soient nommés de la même manière partout dans le monde »
Les noms chimiques des additifs alimentaires peuvent paraître compliqués, mais ils ont une raison d’être. Ils décrivent de façon précise la composition de chaque additif, ce qui permet aux scientifiques de bien comprendre leur fonctionnement et leurs effets.
Le Codex Alimentarius, une référence internationale pour la sécurité des aliments, attribue des noms et des codes à ces additifs, comme E100 pour la curcumine (le composé actif du curcuma) ou E415 pour la gomme xanthane, un épaississant utilisé dans les sauces et les produits sans gluten. Cependant, ces codes et noms complexes peuvent créer un sentiment de méfiance. Ils peuvent donner l’impression que les informations sont obscures, ce qui peut nuire à la confiance envers ceux qui produisent nos aliments, car il devient difficile pour les consommateurs de comprendre les effets de chaque additif.
À Santé Canada, la Direction des aliments, et plus précisément le Bureau des sciences de la nutrition et des aliments, est responsable d’évaluer la sécurité des additifs alimentaires. Avant d’approuver un additif, une équipe d’experts, composée de toxicologues, chimistes, nutritionnistes, microbiologistes et épidémiologistes, analyse minutieusement toutes les données scientifiques disponibles, y compris celles du Codex Alimentarius. En suivant des protocoles stricts et en s’appuyant sur les recherches les plus récentes, ils veillent à ce que chaque additif puisse être consommé en toute sécurité.
Il est tout à fait normal d’avoir des doutes concernant les additifs alimentaires, surtout lorsque nous rencontrons des noms compliqués sur les étiquettes ou que nous tombons sur des articles alarmistes en ligne. Cependant, il est essentiel de relativiser ces craintes, car les additifs qui suscitent le plus d’inquiétude se trouvent principalement dans les aliments ultra-transformés. Par ailleurs, certains additifs, comme les colorants, n’ont qu’une fonction esthétique. Ils sont souvent ajoutés pour rendre les aliments plus attrayants, sans offrir d’effets bénéfiques sur notre santé.
Plutôt que de se focaliser sur les faibles doses d’additifs, il est plus judicieux de concentrer nos efforts sur la réduction de notre consommation d’aliments ultra-transformés. En effet, ce sont principalement les quantités élevées de gras, de sucre et de sel présentes dans ces aliments qui impactent réellement notre santé, bien plus que les faibles concentrations d’additifs qu’ils contiennent.
Concrètement, on devrait lire attentivement les étiquettes des aliments, privilégier les aliments frais et peu transformés, et rechercher des alternatives aux aliments ultra-transformés.
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