J’ai fait une expérience intéressante.
Dès que la nouvelle mouture du Guide alimentaire canadien a été dévoilée, je me suis empressée d’aller lire les réactions des internautes sur les différentes plateformes sociales. Par curiosité, certes. Mais à l’ère où la nutrition attise les passions autant que la rivalité Canadien / Nordiques, je voulais aussi savoir sous quel angle le nouveau guide ferait controverse.
J’ai lu tout ça. Et quelque chose a retenu mon attention.
Au travers des centaines de réactions, parfois élogieuses, drôles, haineuses ou inimaginables, j’ai constaté que bien des personnes se sont senties oubliées ou ne se retrouvaient pas dans les recommandations du Guide:
« Moi, je suis allergique aux noix et aux arachides. Qu’est-ce que je vais pouvoir manger? »
« Moi, j’aime pas ça le tofu. Et le soya, c’est plein d’OGM! Pis touche pas à mon steak haché!!»
« Oui, mais le fer et le calcium, c’est super important pour les bébés. Qu’est-ce qu’on va faire si on ne peut plus leur donner du lait ou de la viande? »
« Mon père à 96 ans et est diabétique. Tu penses-tu qu’il va boire ça du lait de soya? »
Je vais peut-être vous surprendre mais oui, malgré tout, la nouvelle mouture du Guide alimentaire canadien est probablement pour vous. Mais elle n’est tout simplement pas parfaitement adaptée à vos goûts ou à vos besoins dans la forme où on vous l’a présenté dans les médias. C’est pourquoi vous avez peut-être le sentiment qu’il ne vous convient pas. Et il y a une explication très logique à tout ça.
Dans ce billet, je ne souhaite pas m’attarder aux recommandations incluses dans le nouveau Guide alimentaire 2019. Pour plus de détails à ce sujet, vous pouvez lire le billet: Cinq faits concernant le nouveau Guide alimentaire canadien, auquel j’ai collaboré.
Aujourd’hui, je veux surtout vous parler des dessous de son élaboration et pourquoi le guide alimentaire doit être personnalisé dans bien des conditions.
De nos jours, la plupart des pays industrialisés publient des guides alimentaires. Ce sont des recommandations générales pour les gens en santé, pour les aider à faire les meilleurs choix de consommation. Il doit aussi être constitué de messages simples et accessibles, d’un niveau de langage équivalent à un secondaire 5 et basé sur la science.
Quand on l’élabore, les scientifiques prennent en considération la science la plus récente et les problèmes existants de santé publique au pays. En ce qui nous concerne, les maladies liées à l’alimentation (p. ex. l’obésité et les maladies chroniques) sont l’une des trois causes principales de mortalité au pays. Le Guide vise donc à prévenir ou à améliorer ces conditions.
Ainsi, notre Guide alimentaire est destiné au 36,7 millions de personnes de 2 ans et plus habitant le Canada, qui sont sédentaires et en santé. On est plutôt actif ou malade ? C’est là que les nuances seront de mise! Le Guide alimentaire est une base, une sorte de « one size fits all » de luxe qui mérite d’être personnalisée selon nos habitudes de vie et nos préférences alimentaires.
Alors, si vous faites partie de ceux qui ont des besoins nutritionnels particuliers (p. ex. les sportifs, les athlètes, etc.) ou qui présentent une condition médicale particulière (p. ex. une allergie alimentaire, une maladie du coeur, un diabète, un cancer, une maladie de l’appareil digestif et j’en passe), il vous faudra adapter le Guide alimentaire à vos besoins. Vous avez probablement besoin de recommandations additionnelles ou d’un plan de traitement nutritionnel individualisé de la part d’un ou d’une nutritionniste.
« Les recommandations sur la nutrition pendant la petite enfance (2 ans et moins), y compris celles entourant l’allaitement, ne sont pas modifiées par la publication du nouveau Guide alimentaire canadien. On les retrouve toujours dans le guide: La nutrition du nourrisson né à terme et en santé. »
Je remercie Karine Gravel, nutritionniste, docteure en nutrition et auteure de KarineGravel.com pour sa collaboration à la rédaction de ce billet.
Food and Agriculture Organization of the United Nations. Plates, Pyramids, Planet: Developments in national healthy and sustainable dietary guidelines: a state of play assessment [En ligne]. Food Climate Research Network – University of Oxford; 2016. [référence consultée le 28 janvier 2019]
Institute for Health Metrics and Evaluation [En ligne]. Seattle: Institute for Health Metrics and Evaluation; 2018 [référence consultée le 31 janvier 2019]. Global burden of disease (GBD) profile: Canada.
Santé Canada [En ligne]. Lignes directrices canadiennes en matière d’alimentation à l’intention des professionnels de la santé responsables des politiques; 2019. [référence consultée le 31 janvier 2019].
Santé Canada [En ligne]. Le nouveau Guide alimentaire. Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition; 2019. [référence consultée le 31 janvier 2019].