
C’est inévitable. Chaque année, on peut lire quelque part un article qui nous présente les meilleurs trucs et astuces pour ne pas grossir pendant le temps des fêtes. Ou encore, on se fait énumérer les pires erreurs qui risquent de nous faire prendre du poids.
Comme si c’était obligatoire de contrôler son poids et de ne pas avoir du plaisir à manger.
De mon point de vue de nutritionniste, ces messages sont malsains et ne devraient pas exister. Afin de discréditer une fois pour toutes tous ces concepts erronés, on s’est intéressé à la science derrière la prise de poids durant cette période de l’année.
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mots de Annie Ferland, nutritionniste + docteure en pharmacie
Plusieurs statistiques aux sources peu crédibles rapportent des gains de poids sensationnalistes de plus de 4 kg (soit environ 10 lb) pendant la période des fêtes. Si ça peut mettre les choses en perspective, ceux qui aiment bien le répéter ont presque toujours un plan alimentaire à nous proposer. Ils savent habilement profiter du fait que la moitié de la population québécoise est insatisfaite de son poids, plus précisément 45 % des hommes et 59 % des femmes.
C’est payant de vendre une solution à notre « problème ».
Une autre statistique bien populaire est que l’Américain moyen consommerait environ 3500 calories et 200 grammes de gras uniquement pendant le souper du réveillon. Si on regarde ces chiffres au pied de la lettre, c’est stressant et anxiogène. Encore plus lorsqu’on souligne que ce nombre de calories, consommé en 1 seul repas, est supérieur à la quantité d’énergie dont la plupart d’entre nous ont besoin en 1 seule journée.
Cette information inutile et simpliste n’a aucune pertinence scientifique. Un seul repas ne définira jamais notre façon de manger à l’année. C’est donc une statistique qui ne devrait jamais être utilisée.
Selon les 2 études existantes sur le sujet (oui, c’est très peu!), la prise de poids moyenne liée au temps des fêtes est d’à peu près 500 grammes et serait temporaire. À la lumière de cette information, on comprend bien mal pourquoi on nous dit encore de contrôler notre poids ou de compenser pour nos «écarts» alimentaires.
C’est normal de manger différemment pendant le temps des fêtes.
C’est normal de se sentir coupable. On vit dans une culture qui glorifie la minceur et les restrictions alimentaires.
C’est normal de sentir qu’on a trop mangé.
Et si jamais l’envie de perdre du poids ou d’être plus en forme se manifeste au matin du 1er janvier, ça aussi c’est normal. L’industrie de l’amaigrissement profite du culte de la minceur et de la vulnérabilité de ceux qui sont préoccupés par leur poids pour vendre des produits et des moyens amaigrissants. Pourtant, ces derniers sont inefficaces pour perdre du poids et leur utilisation est potentiellement dangereuse pour la santé physique et mentale.
Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) 2021. Produits, services et moyens amaigrissants. Portrait québécois de la publicité en ligne.
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Article mis à jour le 17 décembre 2019.
Article mis à jour le 21 décembre 2022.