la Beyond Meat: santé ou ultra-transformé?
Le mythe d’un aliment “miracle” tropical
On nous répète souvent que les régimes à base de plantes sont meilleurs pour la santé. Et c’est vrai, la science le confirme. Une alimentation riche en végétaux est associée à un risque plus faible de maladies chroniques.
Mais l’histoire se complique quand on se souvient que l’huile de noix de coco vient, elle aussi, d’une plante. Et pourtant, c’est probablement l’une des exceptions les plus frappantes où “d’origine végétale” ne rime pas avec “santé”.
L’huile de coco est souvent dans bien des aliments dits « santé ». Mais les scientifiques ont maintenant assez d’évidences pour affirmer que l’huile de coco n’est pas le superaliment qu’on nous vend.
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Les études confirment que l’huile de coco fait augmenter le “mauvais” cholestérol (LDL) soit à peu près autant que le beurre, le suif (gras de boeuf) ou l’huile de palme, et bien plus que des huiles comme l’olive ou le canola. En moyenne, on parle d’une hausse d’environ 0,3 mmol/L, ce qui reste modeste, mais mesurable. Bref, malgré son image “naturelle”, elle agit comme un gras saturé classique.
Mais ce chiffre, pris seul, ce n’est qu’une partie de l’histoire. Dans la vraie vie, on n’avale pas de l’huile de coco à la cuillère. On l’utilise pour cuire, tartiner, sucrer, parfumer. Et les aliments dans lesquels on la retrouve (muffins, desserts végans, granolas, smoothies, chocolat) sont rarement neutres sur le plan nutritionnel. Son sont souvent des aliments à l’aura santé, avec un certain degré de transformé.
Autrement dit, ce n’est pas seulement l’huile en soi, mais le contexte dans lequel on l’utilise qui influence réellement notre santé. Une petite quantité, dans une recette équilibrée, n’aura sans doute pas le même effet qu’une consommation quotidienne dans des produits riches en sucres et en gras.
Le comité d’experts de l’American Heart Association déconseille donc fortement son utilisation régulière. Et la professeure Karin Michels de Harvard l’a même qualifiée de “pur poison”. Des mots durs, mais qui ont eu l’effet d’une bombe et d’un excellent buzz médiatique.
Fait intéressant, un sondage révélait que 72 % du grand public croient encore que l’huile de coco est bonne pour la santé… contre seulement 37 % des nutritionnistes. Pourquoi un tel écart ? Parce que le marketing “sexy” de l’huile de coco a fait un travail redoutable : ambiance tropicale, promesses de naturel, peau éclatante et ventre plat. Et quand un produit semble à la fois exotique, “naturel” et indulgent, c’est souvent un trio gagnant. Encore là, d’y croire n’est pas de notre faute. Le marketing est assez convaincant.
La popularité de l’huile de noix de coco est donc loin de s’essouffler.
Pour bien comprendre la confusion autour de l’huile de coco, il faut savoir que toutes les huiles et les graisses sont composées de différents types d’acides gras en proportion différents et que ceux-ci ont chacun leurs qualités et leurs défauts. Par exemple, 15% des acides gras de l’huile de sésame sont saturés et 85% sont insaturés (polyinsaturés + monoinsaturés). Bref, toutes les huiles sont composées de mélanges d’acides gras en différente proportions.
Et le fameux gras qui a un impact sur notre profil lipidique (communément appelé notre cholestérol sanguin), ce sont les gras saturés. Par exemple, l’huile de sésame contient environ 15 % de gras saturés, l’huile de canola 7 %, l’huile d’olive 14 %. Mais l’huile de coco est un gras végétal qui se distingue particulièrement. Près de 90 % de ses acides gras sont saturés, une proportion plus élevée que le beurre (65 %), le gras de bœuf (43 %) ou même le saindoux (40 %).
On comprend mieux pourquoi la science a tranché.
Mais encore là, tout n’est pas blanc ou noir. Consommer de l’huile de coco occasionnellement, dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée, ça n’a rien de dangereux. C’est l’usage quotidien, systématique ou “en remplacement des autres huiles”, qui pose problème. Traduction: il ne faut pas en mettre partout, tout le temps et il est préférable de ne pas en consommer tous les jours.
L’huile de noix de coco a des qualités pratiques elle est solide à température ambiante, stable à la cuisson, et son arôme doux convient bien à certaines recettes sans cuisson ou à des sautés exotiques.
Les huiles qui ont fait leurs preuves — depuis longtemps — restent : l’huile d’olive, l’huile de canola et l’huile de sésame.
Elles contiennent des acides gras insaturés protecteurs et sont associées à une meilleure santé cardiovasculaire.
Dans un contexte bien précis de santé où il y a plein de bonnes (et bien meilleures) huiles végétales disponibles sur le marché , j’ai du mal à conseiller l’huile de noix de coco. Oui, on peut très bien avoir un pot d’huile de coco dans notre armoire et l’utiliser de façon occasionnelle si on est en parfaite santé cardiovasculaire. C’est une huile qui possède un côté pratique comparativement à d’autres huiles végétales puisqu’elle reste solide à température ambiante. Elle a une saveur de noix sucrée qui plait bien au goût et sa texture se prête bien à certaines préparations sans cuisson ou à des sautés de légumes.
Toutefois, l’huile de noix de coco n’est pas un aliment aux vertus miraculeuses. Si quelqu’un nous conseille de consommer de l’huile de coco pour améliorer notre cholestérol sanguin, pour réduire son risque de maladies du coeur, pour faciliter la perte de poids, pour stimuler son métabolisme, pour couper la faim ou pour booster sa thyroïde, on allume notre détecteur à bullshit.
« L’huile d’olive, l’huile de sésame ou l’huile de canola resteront toujours les meilleurs choix pour notre santé puisqu'elles ont clairement fait leurs preuves depuis longtemps. »
Les huiles végétales comme l’huile d’olive, l’huile de sésame ou l’huile de canola resteront toujours des choix plus intéressants pour notre santé puisqu’elles ont clairement fait leurs preuves depuis longtemps. C’est encore plus vrai si notre médecin nous a dit que notre cholestérol est élevé, si on est hypertendu ou diabétique. Dans ces cas bien précis, l’huile de coco ne sera clairement un choix qui vous sera proscrit par votre nutritionniste clinicienne.
Et surtout, on ne se crée pas d’illusion et on consomme l’huile de noix de coco pour les bonnes raisons.
Oui, surtout si ton cholestérol LDL (le “mauvais”) est déjà élevé.
Même si elle vient d’une plante, l’huile de coco agit comme un gras saturé et fait grimper les taux de cholestérol, un facteur de risque bien documenté de maladie du cœur.
On peut en consommer à l’occasion, mais elle ne devrait jamais remplacer les huiles riches en gras insaturés, comme l’olive, le canola ou le sésame.
Les huiles riches en gras insaturés ont fait leurs preuves depuis longtemps. L’huile d’olive reste la référence, suivie de l’huile de canola et de l’huile de sésame. Elles contiennent des acides gras monoinsaturés et polyinsaturés qui aident à réduire le cholestérol LDL et à protéger nos artères. Bref, la science a tranché : ce sont ces huiles-là qu’on veut voir dans notre cuisine le plus souvent.
Pas vraiment.
Sur le plan du cholestérol, elles se ressemblent beaucoup : toutes deux sont riches en gras saturés et font monter le LDL.
Si on veut remplacer le beurre pour des raisons pratiques ou de goût, l’huile de coco peut dépanner à l’occasion — mais elle ne représente pas une option plus “santé”.
Aucune étude sérieuse ne l’a démontré.
Le mythe vient du fait que l’huile de coco contient des triglycérides à chaîne moyenne, censés être “brûlés” plus vite.
Mais dans la vraie vie, ces effets sont minimes, et surtout observés avec des doses bien plus concentrées que ce qu’on retrouve dans les produits du commerce.
En bref : aucune huile ne fait maigrir.
Publié initialement le 3 mars 2016. Mis à jour le 25 août 2018, une autre fois le 1ᵉʳ octobre 2020, et encore aujourd’hui le 10 octobre 2025— parce que la science évolue, et nos certitudes aussi.
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Source de l’image: European Food Information Council (eufic.org)