Pour que les aliments nous attirent et qu’on ait envie de les acheter, ils doivent non seulement être appétissants et offrir une texture agréable, mais aussi se conserver assez longtemps pour rester sécuritaires. Personne ne veut d’un pain recouvert de moisissure en deux jours, d’une soupe qui se sépare, d’une crème glacée pleine de cristaux ou de Froot Loops qui ressemblent à des Cheerios!
Eh oui! Tout n’est pas noir ni blanc au département des additifs. Ils ont leur rôle, souvent essentiel, dans notre assiette. En comprenant à quoi les additifs servent réellement, on peut mieux saisir leur utilité et, souvent, réduire nos craintes face à leur présence dans nos aliments.
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Mots de Camille Nolin-Chauvette, stagiaire en nutrition à l’Université Laval. Sous la supervision de Annie Ferland, nutritionniste et docteure en pharmacie
Que ce soit pour préserver la valeur nutritive, prolonger la durée de conservation, améliorer l’apparence, ou encore faciliter la transformation, l’emballage ou l’entreposage d’un aliment, les additifs jouent plusieurs rôles.
Essentiels? Définitivement.
Tous indispensables? Pas forcément.
Imaginer un monde sans additifs, c’est accepter de faire de gros compromis. Et on n’est certainement pas prêts à faire face aux défis considérables en matière de sécurité, de qualité et de disponibilité alimentaire qu’imposerait un monde sans additifs alimentaires.
Avant l’arrivée des additifs alimentaires, on utilisait des méthodes traditionnelles comme le salage, le fumage et le séchage pour conserver les aliments. Ces techniques, bien qu’efficaces, avaient leurs limites : les aliments disponibles dépendaient des saisons, et les familles devaient souvent composer avec des pénuries. La consommation de produits avariés ou mal conservés pouvait entraîner des intoxications alimentaires, notamment à la salmonellose, à la listériose, au E. coli, au botulisme, à la campylobactériose et à des infections virales, comme l’hépatite A.
C’était souvent mortel, surtout sans accès à des soins médicaux modernes.
Certes, la vie d’autrefois sans Kraft Dinner jaune fluo était plus simple, mais on peut imaginer que la charge mentale liée à la sécurité des repas était beaucoup plus compliquée. Il est donc facile de comprendre pourquoi la Food and Drug Administration (FDA) a fait le bonheur de bien des gens en approuvant en 1950 l’utilisation du benzoate de sodium, le premier additif synthétique permettant de conserver les aliments plus longtemps.
Parmi les additifs souvent critiqués, on trouve les colorants artificiels comme le rouge 40 (aussi appelé rouge Allura) et le jaune 5 (ou jaune Tartrazine). Ces colorants sont souvent utilisés pour rendre les aliments plus attrayants. Cependant, ils ont été associés à de possibles réactions allergiques chez certaines personnes. De plus, certaines études ont soulevé des inquiétudes sur leur lien potentiel avec des troubles du comportement chez les enfants, notamment l’hyperactivité.
Bien que les résultats des recherches soient mitigés et que certains scientifiques remettent en question ces conclusions, la méfiance des consommateurs a poussé certains pays à plus de transparence, en limitant leur utilisation ou en exigeant des étiquetages clairs sur les produits contenant ces colorants.
Les nitrates et nitrites sont des additifs alimentaires souvent présents dans les charcuteries. Leur rôle principal est de prévenir la croissance des bactéries et de prolonger la durée de conservation des aliments. Cependant, des études épidémiologiques ont soulevé des préoccupations quant à un lien potentiel entre ces additifs et un risque accru de certains types de cancer.
Bien que les agences de réglementation, comme la FDA, assurent que les niveaux d’exposition à ces composés dans les aliments sont considérés comme sûrs, de nombreux consommateurs demeurent inquiets au sujet des effets à long terme sur la santé. Cette méfiance incite beaucoup à rechercher des produits qui ne contiennent pas de nitrates ou de nitrites, en optant plutôt pour des alternatives perçues comme plus « naturelles », comme celles utilisant des extraits de céleri pour la conservation.
Bien qu’ils soient souvent mal compris, les additifs alimentaires sont très importants dans la transformation des aliments. Au Canada, plus de 500 additifs sont autorisés pour différentes raisons, comme garder les aliments frais, améliorer leur texture et les rendre plus jolis. Chaque additif a un rôle particulier qui aide à garantir que nos aliments sont de bonne qualité et sûrs à manger. Par exemple, le yogourt nature peut inclure des épaississants comme la pectine ou des agents régulateurs comme l’acide citrique, tout en offrant des protéines, du calcium et des probiotiques.
À l’opposé, on retrouve beaucoup d’additifs dans les produits ultratransformés. Par exemple, une boisson sucrée peut contenir jusqu’à 10 additifs différents pour le rendre plus sucré, améliorer sa saveur et lui donner une belle couleur. De même, un plat préparé comme des pâtes à la sauce tomate peut avoir jusqu’à 15 additifs pour rehausser le goût et prolonger sa durée de conservation. En plus de contenir beaucoup de sucre, de gras et de sel.
Voici quelques types d’additifs et ce qu’ils font :
Certains additifs aident à garder les aliments frais en empêchant la croissance de moisissures et de bactéries. Par exemple, le sorbate de potassium permet de conserver le pain sans qu’il ne moisisse, tandis que l’acide ascorbique (vitamine C) aide à préserver les vitamines. Ces agents de conservation évitent aussi les mauvaises odeurs et les goûts désagréables des aliments pourris, ce qui nous protège de problèmes de santé.
Des additifs sont ajoutés à des aliments comme les Froot Loops, le Kraft Dinner, les pogos et les jujubes pour les rendre plus jolis. Par exemple, le dioxyde de titane donne un blanc éclatant aux yogourts et aux gâteaux, tandis que des colorants naturels donnent de belles couleurs. Ces ajouts rendent les aliments plus appétissants, ce qui nous incite à les manger.
Le pain du commerce est souvent très moelleux grâce à des additifs. Le glutamate monosodique (MSG) renforce le goût des aliments, et la lécithine aide à donner une texture agréable. D’autres additifs, comme la gomme de xanthane, rendent les sauces plus crémeuses sans ajouter de matières grasses.
Certains aliments sont enrichis en nutriments importants. Par exemple, le lait et certaines boissons végétales contiennent du calcium et de la vitamine D, tandis que le sel de table contient de l’iode. Ces ajouts aident à éviter des manques de nutriments dans notre alimentation, ce qui nous aide à rester en bonne santé.
Les additifs comme les stabilisants et les émulsifiants sont essentiels pour garder les aliments bien mélangés. Par exemple, la lécithine empêche la séparation de l’eau et de l’huile dans les vinaigrettes, et la gomme guar aide à épaissir les sauces et à donner une texture agréable aux crèmes glacées.
Certains additifs, comme le dioxyde de silicium dans les épices, empêchent les poudres de s’agglutiner, ce qui facilite leur emballage et leur utilisation par le consommateur.
Des édulcorants comme l’aspartame, le stévia ou le sucralose remplacent le sucre dans des boissons et des desserts, permettant ainsi de réduire les calories. D’autres additifs imitent la texture des graisses sans les calories, créant des versions plus légères des aliments.
Des additifs comme le BHT et le BHA protègent les aliments contre le rancissement, surtout les huiles. Cela permet de conserver les aliments plus longtemps, même sans réfrigération, ce qui est pratique pour ceux qui n’ont pas toujours accès à un frigo.
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