
Elles font le tour de TikTok en 15 secondes, promettent des miracles en 21 jours, et portent souvent un petit nom catchy qui donne l’impression de faire partie d’un club exclusif.
Keto, paléo, carnivore, soupe aux choux, jeûne intermittent… Ces « diètes populaires » traversent le temps et reviennent à nos oreilles comme le refrain de Ça fait rire les oiseaux de la Compagnie créole.
Mais qu’est-ce qu’on entend exactement par « diète populaire »? Et pourquoi ces régimes captivent autant, même s’ils finissent toujours par nous décevoir?
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Une stratégie alimentaire qui gagne en popularité dans le grand public ou les médias, souvent propulsée par des célébrités, des influenceurs, des professionnels de la santé qui ne sont pas experts en nutrition… ou par des témoignages anecdotiques peu vérifiables. Une diète populaire, ça propose souvent une solution rapide à une préoccupation très humaine: le poids, l’énergie, la santé, la longévité… ou un peu tout ça en même temps.
Pas besoin d’être validée par des comités scientifiques ou des revues à comité de lecture. Ce qui compte, c’est qu’elle circule. Qu’on en parle. Qu’on y croit.
Et c’est justement là le cœur du problème.
À travers les décennies, ces diètes changent de nom, de look, de justification biologique. Mais leur promesse reste la même: contrôler son corps par l’alimentation.
La diète Atkins dans les années 90? C’est le préquel de la keto. Le « jeûne 5:2 »? Un cousin éloigné du jeûne intermittent. Même les cures detox d’aujourd’hui ont des ancêtres, comme des tisanes laxatives du Moyen-Âge aux purges de Sylvester Graham au 19e siècle.
Chaque époque a ses idoles… et ses obsessions nutritionnelles.
Ce qu’elles ont (presque) toutes en commun, ces diètes populaires, c’est une promesse rapide. Perte de poids express, peau plus nette, regain d’énergie. Elles s’accompagnent aussi d’un interdit clair. On bannit un groupe d’aliments ou une plage horaire de repas, comme si la restriction suffisait à remettre de l’ordre dans le corps.
Elles surfent aussi sur un effet de mode. Plus on en parle, plus on y croit, plus elles vont faire des adeptes. Et elles reposent sur une logique qui semble tenir la route… jusqu’à ce qu’on gratte un peu. Souvent, elles s’appuient sur un phénomène biologique réel, mais complètement sorti de son contexte.
Parce que les diètes populaires jouent avec notre espoir. Elles promettent un nouveau départ. Une façon de reprendre le contrôle de notre corps et de notre santé. Et dans un monde où l’alimentation est souvent source de stress ou de culpabilité, elles offrent une structure rassurante. Une réponse toute faite à des questions complexes.
Mais ce qu’elles ne disent pas toujours, c’est que leur efficacité est souvent bien temporaire. Qu’elles peuvent créer plus de confusion que de clarté. Et que derrière les hashtags, il y a parfois des carences nutritionnelles, des troubles du comportement alimentaire ou une relation avec la nourriture qui s’effrite.
Une diète populaire peut contenir des éléments intéressants, c’est vrai. Mais ce qui compte, ce n’est pas si elle est populaire. C’est si elle est durable (pour la vie!), sécuritaire, fondée sur des bases solides et surtout, adaptée à notre réalité.
Si on se sent obligé d’éliminer des aliments que l’on aime, si on a toujours faim, si on se culpabilise d’avoir « triché » ou mangé un aliment « interdit » ou si on doit s’isoler pour respecter son “plan” ou sa diète… c’est peut-être pas une bonne idée, peu importe sa popularité.
Il n’existe pas de solution universelle en nutrition. Ce qui fonctionne pour un, peut nuire gravement à l’autre. Et entre la science des nutriments et la réalité de nos vies, il y a un monde.
Alors la prochaine fois qu’une nouvelle diète envahit notre fil d’actualité, posez-vous cette question simple:
Parce que bien manger, ce n’est pas se plier à la tendance du moment. C’est bâtir une relation durable avec ce qu’on met dans notre assiette pour le restant de notre vie.
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