À l’heure où l’ensemble de nos choix alimentaires affectent la santé de la planète et où on ne cesse de nous souligner l’urgence d’agir pour sauver notre environnement, une autre crise silencieuse commence à se faire entendre. Déjà en 2019, on rapportait que 25% des espèces végétales et animales risquent de disparaitre sur Terre. Moins de variété, beaucoup moins de nourriture à manger!
Voici ce qu’il faut savoir à propos de la biodiversité alimentaire, comment elle peut avoir un impact sur notre santé et comment adopter quelques gestes pour la protéger.
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Mots de Annie Ferland, nutritionniste et docteure en pharmacie
La biodiversité alimentaire, c’est la diversité des plantes, des animaux et des micro-organismes que l’on consomme et qu’on utilise pour produire notre nourriture. On parle des espèces cultivées – comme les légumes, les fruits, les céréales- et les espèces sauvages – comme certains poissons ou plantes comestibles-, ainsi que la diversité génétique au sein de ces espèces. Cette diversité alimentaire est essentielle pour notre alimentation car elle permet d’avoir des régimes alimentaires variés, équilibrés et résiliants face aux changements climatiques ou aux maladies.
Un exemple concret de perte de biodiversité alimentaire est la diminution dramatique de la diversité des variétés de pommes. Il y a un siècle, il existait des milliers de variétés de pommes à travers le monde, chacune adaptée à un climat et un sol particulier.
Aujourd’hui, en raison de l’industrialisation de l’agriculture et de la standardisation des cultures, seules quelques variétés dominent les étals des supermarchés. Cette homogénéisation réduit la résilience face aux maladies ou aux conditions climatiques changeantes, limite le choix alimentaire et fait disparaître des variétés locales uniques et leurs qualités nutritionnelles spécifiques.
La biodiversité alimentaire a un impact direct et significatif sur notre santé et celle de la planète. En consommant une grande diversité d’aliments, on a accès à une plus large gamme de nutriments, de vitamines et de minéraux. De plus, la biodiversité alimentaire permet de maintenir des écosystèmes agricoles plus résiliants, ce qui est crucial pour garantir un approvisionnement alimentaire stable et sain à long terme.
Mettre en œuvre un tel changement alimentaire n’est pas toujours facile. On fait donc place aux protéines végétales en débutant par un ou deux repas par semaine, pour augmenter graduellement vers l’objectif souhaité.
Les abeilles, les papillons et les autres pollinisateurs aident à produire plus du tiers de la nourriture que nous mangeons. On leur donne un coup de pouce en choisissant de planter au jardin des fleurs, des fruits, des légumes, des arbustes et des d’arbres qui seront butinés.
Acheter des aliments transformés pousse l’agriculture mondiale vers une production industrielle de quantité au plus faible coût. On peut agir en cuisinant le plus souvent possible à partir d’ingrédients frais, locaux et de saison.
La plupart du temps, on gaspille de la nourriture parce qu’on en achète trop, qu’on cuisine en trop grande quantité ou parce qu’elle est mal conservée. Avec un peu de planification, une liste d’épicerie et de la créativité, on devient meilleur pour mettre au menu ce qu’on doit manger avant que ce soit expiré.
On découvre et on goûte aux aliments répertoriés dans l‘Arche du goût de Slow Food, un catalogue créé pour sauver la biodiversité alimentaire. Ce guide est précieux pour identifier les aliments de qualité, qui sont en danger de disparition ou qui sont oubliés.
Qu’il soit petit, gros ou dans un pot, on cultive un potager pour découvrir des végétaux qu’on n’a pas la chance de trouver chez nos épiciers. On se procure des semences de variétés ancestrales, qui procurent plaisir et saveurs.
Lavallée B. À la défense de la biodiversité alimentaire. Les éditions La Presse 2022. 272 pp.