L’Assiette santé de Harvard, un guide alimentaire pas comme les autres - Science et Fourchette
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L’Assiette santé de Harvard, un guide alimentaire pas comme les autres

Imaginons un guide alimentaire sans tableaux ni calculs compliqués. Juste une assiette, divisée en parts simples, capables de résumer à elles seules ce que signifie bien manger. C’est exactement ce que propose l’Assiette santé de Harvard (Harvard Healthy Eating Plate), conçue en 2011 par une équipe d’experts en nutrition de la Harvard T.H. Chan School of Public Health.

Ce modèle visuel a été créé pour corriger certaines lacunes observées dans les guides alimentaires traditionnels, notamment celui du gouvernement américain (MyPlate). Les chercheurs de Harvard jugeaient que ces recommandations manquaient de nuances importantes, notamment sur la qualité des aliments, les types de gras, la distinction entre grains entiers et raffinés, ou encore les effets du sucre ajouté.

L’objectif était clair, soit offrir un outil simple, fondé sur les meilleures données scientifiques disponibles, qui puisse aider les gens à composer des repas équilibrés dans la vraie vie,  à la maison, à la cafétéria ou dans une boîte à lunch.

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Mots de Annie Ferland, PhD, DtP-nutritionniste


Un consensus d’experts (et une réponse aux limites des anciens guides)

L’Assiette santé de Harvard se veut une version plus actuelle et indépendante des guides officiels, élaborée par des chercheurs sans lien avec l’industrie alimentaire. Son ambition est d’orienter vers des choix santé au quotidien en misant avant tout sur la qualité des aliments, plutôt que sur des portions ou des groupes alimentaires rigides.

Mais si Harvard a ressenti le besoin d’en proposer une nouvelle version, c’est qu’il y avait matière à amélioration.

Les chercheurs avaient plusieurs critiques envers les modèles existants comme MyPlate (le guide américain lancé en 2011) ou les anciens guides alimentaires nationaux. Selon eux, ces guides étaient trop influencés par des considérations politiques et économiques, notamment la pression de certains groupes agroalimentaires. Ils donnaient aussi trop peu d’importance à la qualité des aliments, en mettant par exemple les pommes de terre au même rang que les légumes verts, ou la viande rouge au même niveau que le poisson ou les légumineuses.

Harvard a donc voulu corriger ces angles morts :

  • En distinguant les bons gras (huiles végétales, noix, poissons) des gras saturés ou trans.
  • En mettant de l’avant les céréales entières et intactes, au lieu des produits raffinés.
  • En réduisant la place accordée aux produits laitiers, souvent surreprésentés dans les anciens guides.
  • Et surtout, en insistant sur la qualité des protéines et la limitation des boissons sucrées, quasi absentes des recommandations officielles de l’époque.

L’Assiette santé de Harvard est donc à la fois un outil pédagogique et une prise de position scientifique. Celle d’un groupe d’experts qui voulait redonner à la science — et non à la politique — le dernier mot sur ce qu’est une alimentation saine.

L'Assiette Santé: Tous droits réservés © 2011 Harvard University.

Une nouvelle façon de voir les choses

Ce que l’Assiette santé de Harvard propose, ce n’est pas une révolution, mais une mise à jour du bon sens alimentaire. Elle conserve les grands principes d’un repas équilibré, mais en y injectant la science nutritionnelle la plus récente.

Plutôt que de compter des portions ou des calories, elle mise sur une représentation visuelle simple : la moitié de l’assiette consacrée aux fruits et légumes, un quart aux protéines de qualité, et un quart aux céréales complètes.
C’est un modèle qui s’adapte à toutes les cultures alimentaires : une assiette de poisson et quinoa, un bol de lentilles et riz brun, ou encore un chili végétarien accompagné de pain de blé entier — tout y trouve sa place.

Et juste à côté de l’assiette, un message clair : rester actif au quotidien. Parce que bouger fait partie intégrante de l’équilibre, autant que ce qu’on mange.

La qualité avant la quantité

L’un des changements majeurs introduits par Harvard, c’est de déplacer le regard de la quantité vers la qualité. On y déconseille les boissons sucrées, sources de calories vides, et on suggère de limiter le lait et les produits laitiers à une ou deux portions par jour.

Les protéines végétales y occupent une place de choix : tofu, légumineuses, noix, graines et poisson remplacent avantageusement la viande rouge ou transformée, dont la consommation devrait rester occasionnelle.

Et puis, un détail qui en dit long : dans l’Assiette santé de Harvard, la pomme de terre n’est plus considérée comme un légume. Une décision qui étonne souvent, surtout ici où on la sert en purée, en soupe ou en salade depuis des générations. Mais sur le plan nutritionnel, Harvard la classe plutôt parmi les féculents, puisque son principal nutriment est l’amidon et qu’elle a un effet rapide sur la glycémie, un peu comme le pain blanc ou le riz raffiné. Cela ne veut pas dire qu’il faut la bannir : simplement qu’elle n’a pas la même valeur nutritionnelle qu’un légume vert ou coloré.

Des grains entiers, pas raffinés

Les experts insistent aussi sur la distinction entre grains entiers et grains raffinés : le riz brun, le pain de blé entier et le quinoa conservent davantage de fibres, de vitamines et de minéraux que leurs versions blanches et transformées. Ces fibres ralentissent la digestion, favorisent la satiété et aident à stabiliser la glycémie — des effets bénéfiques que les produits raffinés ont perdus au fil des procédés industriels.

Un guide qui évolue avec la science

L’Assiette santé de Harvard n’a pas réponse à tout, mais elle continue d’évoluer à mesure que la science avance. Certains experts la trouvent encore trop simplifiée, d’autres estiment qu’elle gagnerait à intégrer davantage d’éléments culturels ou environnementaux, comme l’impact écologique des aliments.

Mais malgré ces nuances, son message demeure universel : manger sainement n’a pas besoin d’être compliqué. Il suffit d’une assiette bien remplie, de bons choix au quotidien, et d’un peu de mouvement pour soutenir le tout.

L’Assiette santé de Harvard, c’est donc plus qu’un outil visuel : c’est une façon moderne, nuancée et scientifique de remettre l’humain au centre de son assiette.

Mini-FAQ sur l’Assiette santé de Harvard

1. Qu’est-ce que l’Assiette santé de Harvard ?

Un modèle visuel créé par la Harvard T.H. Chan School of Public Health pour aider à composer des repas équilibrés fondés sur les meilleures données scientifiques.

2. Quelle est la différence entre MyPlate et l’Assiette de Harvard ?

Contrairement à MyPlate, le modèle Harvard met l’accent sur la qualité des aliments, distingue les bons gras des mauvais et recommande de limiter la viande rouge et les produits sucrés.

3. Quelle est la proportion recommandée dans l’assiette ?

La moitié de l’assiette devrait être composée de fruits et légumes, un quart de protéines de qualité, et un quart de grains entiers.

4. Pourquoi la pomme de terre n’est-elle pas considérée comme un légume dans ce guide alimentaire ?

Parce qu’elle est riche en amidon et a un effet rapide sur la glycémie — Harvard la classe donc parmi les féculents plutôt que les légumes.


Référence et condition d'utilisation de l'image

Harvard T.H. Chan School of Public Health. The Healthy Eating Plate. Boston (MA): Harvard University; 2011 [cité 2025 nov 4]. Disponible sur : https://nutritionsource.hsph.harvard.edu/healthy-eating-plate/

U.S. Department of Agriculture, U.S. Department of Health and Human Services. MyPlate: 2010 Dietary Guidelines for Americans. Washington (DC): U.S. Government Printing Office; 2011.

L’Assiette Santé: Tous droits réservés © 2011 Harvard University. Pour en savoir davantage au sujet de l’Assiette santé, veuillez consulter le site Web The Nutrition Source, du département de nutrition du Harvard School of Public Health (http://www.thenutritionsource.org) de même que celui du Harvard Health Publications (http://www.health.harvard.edu) »

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