
Il est 17h34. Le plus jeune doit partir dans 12 minutes pour l’aréna, on cherche encore sa gourde, et dans la course contre la montre, la question du souper reste en suspens.
Bonne nouvelle : on peut très bien nourrir tout le monde sans cuisiner. Et sans se culpabiliser quand on n’a pas le goût ni l’énergie de faire à souper.
– mots de Annie Ferland, nutritionniste + docteure en pharmacie
Dans la vraie vie, nos fins de journée sont souvent des sprints. Le trafic, les devoirs, le lavage, les deadlines, les pratiques de sport ou de musique. L’idée d’un repas complet, santé, chaud, familial et servi à l’heure pile peut vite ressembler à une pression de plus et pas nécessairement à un moment de plaisir.
Et même quand on pense s’en tirer avec un plat prêt-à-manger de l’épicerie, on réalise que ce n’est pas toujours le raccourci espéré. On chauffe, on cherche un légume pour accompagner, on finit avec plus de vaisselle qu’on aurait cru… et une heure de passée sans avoir vraiment décroché et en ayant mangé trop salé pour notre santé.
Ce soir, et les autres soirs aussi, on a le droit de faire simple. Nourrir, sans se vider.
Quand on assemble un repas, on peut garder en tête la structure de l’assiette santé du Guide alimentaire canadien. Pas pour cocher des cases. Juste pour s’inspirer. Des légumes ou des fruits, une source de protéines, un aliment à base de grains entiers.
Mais si ce soir, on a juste des craquelins, du fromage et quelques tomates cerises, c’est correct aussi. L’équilibre ne se joue pas à un seul repas. Ce qui compte, c’est de répondre au besoin ici et maintenant.
Un souper peut être un assemblage de tartines improvisées, une combinaison d’aliments en vrac, un plateau de restes qui n’avaient pas l’air de “faire un repas” jusqu’à ce qu’on les pose ensemble sur la table.
« Et si ce soir, le souper ne ressemblait pas à un repas Pinterest, mais plutôt à une victoire tranquille de fin de journée? On ouvre le frigo. On assemble. Et on savoure. »
Il y a quelque chose de beau, aussi, à s’asseoir autour d’une table où tout le monde compose son assiette comme il veut. Pas de règles strictes, pas de “mange tes légumes”, juste un moment simple, vrai, nourrissant.
Quand on arrête de voir le repas comme une performance, on se donne le droit d’en faire une pause. Une vraie.
Assembler un souper, ce n’est pas manquer d’organisation. C’est faire preuve d’adaptation. Et c’est peut-être ce qui nous sauve, les soirs de chaos organisé.
On peut très bien se tourner vers des aliments déjà prêts, sans tomber dans l’ultra-transformé. Ce n’est pas parce qu’un aliment est emballé qu’il est mauvais. C’est le niveau de transformation qui compte, pas le fait qu’il soit coupé ou mis sous vide.
Par exemple, les crudités déjà lavées et tranchées – carottes, betteraves, choux, poivrons – nous sauvent des étapes sans rien enlever à la qualité. Les edamames décortiqués qu’on trouve au rayon des surgelés se décongèlent en quelques minutes et offrent une belle portion de protéines végétales. Le tofu mariné prêt à griller, les pois chiches en conserve, les œufs cuits durs vendus en sachet, le saumon fumé, les fromages portionnés… tout ça peut devenir la base d’un repas.
L’idée, c’est de piger dans les aliments de base qui demandent peu ou pas de préparation, mais qui nourrissent quand même pour vrai. Pas besoin d’avoir fait le marché ni préparé le tout à l’avance. On garde quelques essentiels dans le frigo, le garde-manger ou le congélateur, et on les assemble selon l’inspiration ou le niveau d’énergie du moment.
Sur la table : une barquette de tomates cerises, quelques boules de bocconcini marinées, du pesto du commerce, un paquet de croûtons ou de focaccia du rayon boulangerie. On ajoute des olives noires, des tranches de concombre, et pourquoi pas quelques feuilles de basilic si on en a sous la main.
Chacun compose sa propre bouchée. Ça goûte le sud, sans avoir à faire mijoter quoi que ce soit.
Un reste de pain aux grains entiers devient la base parfaite pour un brunch improvisé. On dépose sur la table des œufs durs coupés en deux, des tranches de fromage, quelques morceaux de pomme, une compote en pot, du yogourt nature, des noix. Rien à cuire, rien à prouver.
Un souper qui goûte le samedi matin, mais qui se mange un jeudi à 18h.
Un pot de salsa douce, une boîte de haricots noirs rincés, des chips de maïs (oui, oui, pourquoi pas!), quelques cubes d’avocat, des lanières de poivron cru. On ajoute un reste de riz, ou du maïs congelé réchauffé au micro-ondes. Un petit bol de crème sûre ou de yogourt nature pour napper le tout.
C’est coloré, nourrissant, facile à aimer. Même quand on est épuisé.
Un paquet de craquelins de seigle ou de pain noir, du saumon fumé, du fromage à la crème, des tranches de concombre, des radis croquants. Une touche de citron, un soupçon d’aneth, et c’est tout.
Ça se monte comme un Smørrebrød danois, mais ça se mange les pieds sur le pouf, dans un bol ou directement sur une serviette de table.
Du hummus, du taboulé du commerce, des carottes en bâtonnets, des raisins frais, quelques figues séchées. On sort le pain pita, on dépose tout ça sans détourner les yeux vers la pile de vaisselle.
Un repas complet, savoureux, riche en fibres et en couleurs — zéro chaudron requis.